jueves, 16 de agosto de 2012

Guillaume Apollinaire: Poèmes à Lou XII: Si je mourais là-bas


Si yo muriera allí en el frente de batalla
Un día llorarías oh Lou mi bien amada
Y después mi recuerdo moriría igual
Que un obús estallando en el frente de batalla
Un bello obús que evoca las mimosas en flor

Y entonces el recuerdo chispeando en el aire
Cubrirá con mi sangre espacio y tierra enteros
Mar y montes y valles y la estrella que pasa
Soles maravillosos madurando en el cielo
Igual que las doradas frutas en Baratier

Un recuerdo olvidado que vive en todas partes
Yo encenderé el color de tus senos rosados
Yo encenderé tu boca y tu cabello ardiente
No se marchitarán todas esas beldades
Siempre renacerán a sus juegos galantes

La fatal remisión de mi sangre en el mundo
Ganará para el sol más viva claridad
Más color a las flores y más fuerza a las olas
Un amor inaudito descenderá sobre el mundo
Revivirá el amante en tu cuerpo apartado

Lou si allí yo muero un recuerdo que se olvida
- Acuérdate que a veces en tiempos de locura
De juventud y amor y ardor resplandeciente -
Es mi sangre la fuente pura de felicidad
Y siendo la más bella sé tú la más dichosa

Oh mi único amor y mi más grande pasión

30 de enero de 1915,
Nîmes. 


La noche desciende

Se adivina

Un largo destino de sangre




Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie

30 janv. 1915,
Nîmes. 

La nuit descend

On y pressent

Un long destin de sang

1 comentario:

Anónimo dijo...

Me gustó que estuviera traducido tan literal. Gracias.